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2002 [A Side] - Bullet Garden


Prologue 4 : La Star Qui Reconnaît Ce Monde


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La fille courait aussi vite qu'elle pouvait.


Elle pouvait pratiquement sentir ses jambes se dérober sous elle.


Mais elle continuait à courir et courir et courir à travers les rues illuminées par le coucher du soleil, malgré ses genoux qui tremblaient occasionnellement.


Ses jambes continuaient à la propulser en avant mais elle tournait régulièrement la tête pour vérifier derrière elle, comme si son esprit et son corps avaient été déconnectés l'un de l'autre.


Pour être précis, elle ne vérifiait pas--


Elle était simplement terrifiée.


Elle ne courait pas vers une destination spécifique.


Elle se contentait de fuir.


Une peur primaire née aussi bien de son instinct que de sa logique.


Elle poussait ses jambes au delà de leurs limites, tout ça pour mettre ne serait-ce qu'un millimètre de plus entre elle et la 'chose' qui la poursuivait.


Au premier coup d'oeil, il semblait ne rien y avoir dans sa ligne de vue.


Mais son corps réagissait avant son esprit.


Avant qu'elle ait même pu penser à s'enfuir, avant même qu'elle ait pu se mettre à crier--


La fille était propulsée en avant par 'cette chose' qui la poursuivait dans le soleil couchant.




"Aïe..."


La fille trébucha sur quelque chose et fut jetée au sol.


"Oh... aïe..."


Elle se releva sans prendre le temps d'épousseter ses vêtements et recommença à courir au même rythme qu'avant, sans même vérifier si elle s'était blessée dans sa chute.


Mais elle regarda ce qui l'avait fait trébucher comme pour s'assurer de quelque chose.


Et elle vit--


La moitié inférieure de ce qui avait probablement été un soldat, dont l'autre moitié avait été violemment arrachée.


"...!"


Elle eut un mouvement d'effroi, mais elle retint ses cris.


C'est qu'elle avait eu le temps de s'habituer à un tel spectacle au cours des dernières heures.


Depuis une vue d'oiseau, on pouvait voir d'innombrables éclaboussures rouges dispersées autour de la jeune fille.


Elle savait la vérité--


Ces traces sanguinolentes provenaient toutes des restes d'une frénésie nourricière.


La fille se remit à courir, essayant d'échapper à cette réalité indicible--


Mais il était trop tard.


Il était trop tard depuis le début.


Car les minces jambes de cette fille - des jambes qui ne pouvaient que courir sur le sol -


Ne faisaient pas le poids face aux 'créatures' volantes.


La fille l'aperçut soudain.


Elle vit le grand requin blanc voler droit dans sa direction depuis les cieux distants, du sang dégoulinant de ses mâchoires.




"Hah..."


La fille l'observait d'un regard aveugle, comme si elle ne pouvait accepter que cette créature puisse seulement être considérée comme un poisson.


Le requin volait dans l'air.


Ce fait incroyable stupéfiait la fille, la laissant consumée par une terreur mortelle.


Le requin avançait avec la gueule béante.


Et alors que la gigantesque créature allait se jeter sur la fille, avant de l'avaler d'une seule bouchée--


Son corps massif se tourna soudain vers le haut.


'Il' se dressait entre la fille et les cieux.


La silhouette qui se tenait au sommet de l'immeuble de trois étages se précipita dans l'air sans un mot.


Le requin perçait l'air tout en fonçant vers l'ombre en chute libre. Il bougeait comme une torpille, ou peut-être un missile.


Au moment où l'ombre sembla se confondre avec les mâchoires béantes du requin, elle étendit un bras et saisit une illumination de rue, changeant brusquement de trajectoire.


Creak creak creak.


Creak creak creak.


Creak creak creeeeeeeeeak


Tandis que le grincement du métal se propageait dans les rues, l'ombre croisa le chemin du requin et atterrit tranquillement face à la jeune fille. 


"Hein...?"


Quand la fille observa l'ombre qui lui faisait face, elle se demanda si c'était même un humain.


Métallique. C'était la première impression qu'il lui donnait.


Couche sur couche de rouages s'emboîtaient ensemble pour créer une forme de vie en eux-mêmes.


C'était, du moins, l'impression qu'elle en avait.


La créature aux rouages avait à peu près la stature d'un petit être humain. Sur son visage se trouvait un masque semblable à un miroir, sans yeux, nez ou bouche. Quand au reste, c'était comme si des engrenages en rotation cliquetaient entre ses joints et son armature métallique.


La créature aux rouages tendit silencieusement un pouce levé en direction de la fille.


Les rouages dans ses bras et poignets se mirent à tourner simultanément, et la fille interpréta le son puissant qui s'en dégageait comme un geste de réconfort. Elle s'effondra par terre avec reconnaissance.




C'était la première rencontre entre la fille et "L'Engrenage", un homme-rouage d'une autre dimension.



<==>



"OK--!!!!! Coupez !! Génial ! C'était super !"


Une voix masculine horripilante résonna dans la ville sous le coucher de soleil -- ou plutôt, dans le décor de tournage censé la représenter.


Au même moment, la fille ébahie fit un grand sourire et observa les gens qui l'entouraient.


De nombreux hommes et femmes l'applaudissaient, leurs sourires chaleureux dirigés vers elle.


La fille souriante fit un rapide tour sur elle-même.


Au-dessus de sa tête flottait un requin animatronique extrêmement détaillé et élaboré.


"Excellent..."


L'homme afro-américain qui venait de crier "OK" à l'instant ôta ses lunettes et frotta ses mains contre ses yeux.


Cet homme joufflu gesticulait des bras de façon dramatique tout en se dirigeant vers la fille et la créature aux rouages.


"C'était vraiment, eh bien... Excellent ! Je le proclame sans hésiter !" L'homme déclarait bruyamment ses émotions débordantes.


"Je ne peux m'empêcher de crier ! C'est déjà au-delà de l'excellence... C'est ça ! Formidable... C'était fooooooooooormidable ! Non, PARFAIT ! C'est ça ! Sans rire, c'était absolument PARFAIT !"


La douzaine d'hommes et de femmes approuvaient avec joie. Leurs félicitations se transformèrent en un immense bravo qui submergea la fille et la créature aux rouages.


"Bon boulot aujourd'hui !"


"C'est dans la boîte, hein ? Pour de bon cette fois ?"


"John n'arrête pas de parler de retourner l'opening..."


"C'était vraiment parfait."


"Pour sûr. Quand même, comment Claudia fait-elle pour rentrer dans le personnage si rapidement ? Ça fait un mois qu'elle n'a pas joué."


"C'est ce qui est génial chez elle."


"Apparemment elle prend soin de maintenir son poids jusqu'à la fin de la post-production."


"J'aimerais que John soit là pour entendre ça."


"Mais Claudia est plus ravissante quand elle sourit, non ?"


"Épouse-moi, Claudia~" "Au secours, un pédophile !" "Que quelqu'un appelle la police !"


Alors que les membres de l'équipe de tournage plaisantaient entre eux, l'afro-américain joufflu - le réalisateur - donna une claque dans le dos de la créature aux rouages encore immobile.


"C'était stupéfiant, Charon ! Tu es le Dieu des Rouages ! On a déjà fini de monter toutes les autres scènes, mais... ça c'était des mouvements impressionnants ! Je ne sais pas s'il y a beaucoup de jeunes de ton âge qui seraient capables de faire comme toi ! Ton visage n'apparaît peut-être pas à l'écran, mais tes déplacements parlent d'eux-même ! Qu'est-ce que tu en dis ? Tu pourrais rejoindre ta soeur sous les projecteurs--"


"..."


"Oh, mince. Je t'avais promis de ne pas parler de ça, hein ? Vraiment désolé ! Dans tous les cas, ce que je veux te dire, c'est que tu as franchi et largement surpassé ce qu'on attendait de toi sur ce plateau ! C'est la vérité vraie, ou je ne m'appelle pas John Drox !"


"...Merci."


En comparaison avec le ton enthousiaste du réalisateur John Drox, la réponse qui provint de derrière le masque semblable à un miroir était extrêmement sèche.


Le réalisateur acquiesça avec satisfaction et se retourna pour féliciter le jeu d'acteur de la jeune fille d'un ton encore plus enjoué.


"Et je déclare également ceci ! Voilà de l'art véritable ! Claudia ! Ton existence sur cette terre - non, dans cet univers - est l'art le plus grandiose qui puisse exister !"


La réponse de la fille fut accompagnée d'un grand sourire.


"Merci beaucoup, John !"


Il y avait encore une trace d'enfantillage dans son sourire, mais il n'en était pas moins sincère.


Le lendemain, un article dans la presse people déclarerait, "Cette fille, reconnue par le monde entier, souriait avec confiance ; comme si elle affichait son sourire au soleil couchant surplombant les cieux."


En d'autres termes, c'était le genre de personne qu'elle était.


Elle était une jeune actrice célèbre qui n'était pas difficile quand au choix de ses rôles malgré sa popularité.


Le sourire de Claudia apportait de la joie non seulement au réalisateur, mais aussi à toute l'équipe.



<==>



Trente minutes plus tard.


"Bon boulot aujourd'hui ! Ça a pas du être facile !"


Ils étaient dans une des loges du studio.


La fille rentra dans une loge verte qui était parmi les mieux équipées et s'adressa à la silhouette qui attendait à l'intérieur.


La créature aux rouages, que le réalisateur avait appelé 'Charon', était assis là. Il se tenait là, immobile, tout comme durant le tournage.


"Tu comptes rester habillé comme ça encore combien de temps, Charon ?"


"...."


"Ha ha ! J'imagine que tu peux le garder puisqu'il est aussi cool !"


La créature aux rouages commença à ôter son masque alors que la fille gloussait.


"Oh, alors tu vas l'enlever ? Dommage~. Tu sais quoi ? Tu crois qu'ils me laisseraient garder le costume si je leur laisse une partie de ma paie ?"


"..."


De derrière le masque émergea un garçon aux cheveux noirs.


La racine de ses cheveux était rouge, indiquant qu'il les avait teint.


Cependant, leurs yeux dorés extrêmement similaires indiquaient sans le moindre doute que ces deux là étaient liés par le sang.


Ils avaient tous les deux entre 10 et 15 ans.


Le duo - qu'on aurait encore pu traiter d'enfants - avait été laissé seul dans cette loge verte inutilement gigantesque.


"..."


Le garçon observa stoïquement la salle alors qu'il ôtait son costume de rouages.


La fille nommée Claudia parla comme si elle s'exprimait en son nom.


"Je leur ai dit qu'une loge plus petite suffisait. Ça fait tellement vide maintenant que les maquilleurs ne sont plus là."


"..."


Le garçon restait silencieux, mais la fille continua sans hésitation.


"Bref, tu ne trouves pas ça incroyable qu'ils aient réussi à faire nager un requin aussi réaliste dans l'air comme ça ? La technologie est vraiment impressionnante de nos jours ! J'adore ce requin. Combien tu penses que ça coûte d'en faire un comme ça ?"


"...Ils auraient juste pu le faire en CGI."


Le garçon marmonna. La fille nia vigoureusement comme s'il venait de dire quelque chose d'inepte.


"C'est le fait qu'il y ait quelque chose de réel à voir et à toucher qui est si génial. Et ils vont enlever les câbles par CGI, de toute façon. Oh, je veux accrocher ce requin au plafond de ma chambre !"


Claudia tournait et tournait encore sur elle-même, les mains plaquées devant sa poitrine. Le garçon - Charon - l'ignora et prit un prospectus sur la table.


"..."


Il en parcourut silencieusement le contenu.



[ Ils dévorent les cieux !


Kari et sa fille Aisha arrivent en Californie à la recherche de son père disparu, et découvrent un carnet qu'il avait laissé derrière lui. Celui-ci ne contient que des pages remplies de runes étranges et un unique pistolet dépourvu de gâchette. Alors que mère et fille embarquent à sa recherche, les Requins Volants surgissent soudainement ! Et face à leurs yeux ébahis apparaît un étrange héros entièrement couvert d'engrenages !


Réalisé par John Drox.


Tiré de la série de comics [Mode Gears] encensée par la critique, la seconde adaptation cinématographique débarque : [Shark Flight] !


Sortie Mondiale au Printemps 2003. Une production de la compagnie McDonnell. ]



Charon pressa sa main contre sa tempe et soupira.


Claudia lui tapota gentiment l'épaule bien qu'elle ne sache pas ce que signifiait ce soupir.


"Enfin, bon travail ! Pourquoi tu n'irais pas te reposer ?"


"..."


"Tu portais déjà ce costume pour le premier film, hein ? Je savais que tu faisais juste les mouvements du personnage et que quelqu'un d'autre se chargeait du doublage, mais... je n'avais honnêtement pas réalisé que tu te chargeais de toute la partie physique du rôle."


"..."


La fille discutait avec lui, mais le garçon restait silencieux.


Cela n'empêchait pas Claudia de continuer cette conversation à sens unique.


"Et je pensais sincèrement qu'ils utiliseraient beaucoup plus de CGI. C'est seulement après avoir signé que j'ai réalisé que tu jouerais tout le rôle, et tu ne fais pas de CGI ou de prise avec câbles, en plus ! Tu devrais prendre plus soin de toi, puisque tu es quasiment le rôle titre."


"..."


Le garçon fit silencieusement 'non' de la tête. Le visage de la fille s'assombrit.


"Tu sais, les petits frères devraient toujours écouter leurs grandes soeurs. Je sais que tu es cascadeur, mais si tu te blessais, je... eh ben, ça m'embêterait !"


"...Désolé."


Le garçon s'excusa sincèrement envers sa soeur.


Bien qu'il n'y ait pas un soupçon de peur ou d'embarras dans les yeux de Charon, ses excuses étaient une réponse claire à ce qu'il estimait être une faute de sa part. Claudia ne pouvait lui en demander plus.


"Ne t'excuse pas en faisant cette tête... Je ne peux pas m'énerver contre toi comme ça."


L'expression de Claudia s'assombrit encore plus. Cependant, elle retrouva vite son énergie et regarda en l'air, tout en jouant avec le visage de son frère.


"Tu ne veux vraiment pas être un acteur, Charon ?"


"..."


Il baissa la tête sans un mot.


Il n'y avait ni hésitation ni ressentiment dans ses yeux.


Quand ses yeux dorés la fixèrent directement, Claudia rit.


"Ah, je suppose que tu es comme ça, Charon."


Elle se tourna ensuite vers la couverture d'un magazine de cinéma qui traînait.


Son visage figurait dessus, et la légende disait, "La fille qui est reconnue par le monde." L'un des membres de l'équipe l'avait probablement laissé là pour qu'elle le voie.


Mais Claudia secoua la tête en lisant la légende.


"C'est tout faux. Même si je suppose que ça me plaît qu'ils essaient de me complimenter."


Claudia feuilleta rapidement le magazine en souriant.


"Après tout, ce n'est pas le monde qui me reconnaît. C'est moi qui reconnaît ce monde !"


"..."


"Parce que depuis l'instant de ma naissance, ce monde m'appartient !"


Le garçon se contenta de regarder calmement sa soeur, qui prononçait des paroles clairement anormales.


Et Charon savait que ces paroles n'étaient ni une plaisanterie, ni une vantardise. Pour Claudia, elles représentaient une vérité absolue.


Alors que Charon l'observait avec des yeux ne montrant ni dédain ni respect, Claudia se tourna vers lui avec assurance.


"Tu saisis ? Tout dans ce monde se déroule comme je le souhaite ! Il me suffit d'y croire ! Et si ça ne marche pas, je n'ai qu'à le faire arriver ! Rien n'est impossible !"


"..."


"Dis quelque chose. Je vais t'accorder une place de choix au premier rang de mon monde, alors essaie au moins de faire quelque chose de mignon !"


"..."


Le garçon réfléchit un moment aux paroles énergiques de sa soeur--


Il regarda ensuite sa soeur droit dans les yeux avant de lui donner sa réponse.


"...Miaou."




"Whoa."


Claudia fut saisie de surprise par cette démonstration inattendue de l'aspect mignon de son frère.


"Uh... hmmm... Plutôt adorable. Ça passe."


Claudia rougissait, mais Charon était aussi impassible que jamais.


"Bon sang, je parie qu'ils font des robots avec plus d'émotions que toi... Ne te contente pas de dire des trucs mignons, essaie de faire un visage mignon."


A la requête de sa soeur, Charon regarda autour de lui. Il prit le magazine qu'elle tenait plus tôt, et--


Il l'enroula comme un télescope, le porta à son oeil, et regarda Claudia.


"..."


Bien sûr, son visage était toujours aussi inexpressif.


"...Je... suppose qu'on pourrait considérer ça comme mignon ?"


Voyant que Claudia ne savait comment réagir, Charon déplaça le magazine enroulé devant sa bouche comme une sarbacane.


"Oh, arrête ! Maintenant je suis encore plus confuse, mais on dirait que ça te fait ressembler à un petit chien, alors ça passe !"


Claudia tendit un pouce levé à son frère. Charon fit un mince sourire de satisfaction.


"...! Hé ! C-c'est de la triche ! Ce sourire juste à l'instant était trop adorable !"


Complètement déstabilisée par ce sourire, Claudia prit le magazine des mains de son frère et essaya de le frapper à la tête avec.


Charon esquiva, toujours aussi stoïque.


Après plusieurs échecs, le visage de Claudia devenait de plus en plus rouge--


Jusqu'à ce qu'elle remarque un certain afro-américain joufflu du coin de l'oeil.


"Oh, John."


Alors qu'elle s'arrêtait sans s'en rendre compte, frère et soeur accordèrent leur attention à l'importun--


Et sans avertissement, John Drox -- le réalisateur de [Shark Flight] -- tomba à genoux et hurla comme si c'était la fin du monde.


"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON!"


"...?"


"Qu'est-ce qu'il y a ?"


"Oh... La petite mais mature Star d'Hollywood retrouve son innocence enfantine en présence de son frère !!"


Alors qu'ils écarquillaient leurs yeux tous les deux, le réalisateur interrompit ce que la fille s'apprêtait à dire, piétina le sol et exprima son regret.


"Comment ai-je pu...?! Pourquoi ?! Pourquoi n'ai-je pas apporté de caméra en entrant dans cette pièce ?! Ce que je viens de voir... était plus puissant que tout ce que j'ai pu tourner jusqu'à présent ! Un réalisme absolu ! Délicieusement naturel ! Penser que j'ai pu me retrouver sans caméra à un moment pareil... est-ce que le Dieu du Tournage m'aurait abandonné ?! Mon Dieu, oh mon Dieu ! Pourquoi devez-vous me faire subir pareille épreuve ?!"


Frère et soeur se regardèrent l'un l'autre face à cette démonstration de désespoir, et se demandant s'ils auraient dû en être embarrassés, décidèrent de rester immobiles.




"Euh. Désolée que tu aies dû assister à quelque chose d'aussi embarrassant, John."


"...Désolé."


Bien qu'ils n'aient aucune raison de s'excuser, ils avaient décidé d'essayer de consoler le réalisateur malgré tout.


"Ahh... non, désolé. Je vais bien maintenant... Quand même, c'était sournois de votre part, de faire ça avec la porte grande ouverte. Si vous m'aviez au moins donné la chance de toquer, j'aurais pu ne pas assister à cette scène remplie de votre charme délicieux...!"


Le réalisateur, s'étant quelque peu calmé, se remémora ce qu'il avait vu quelques instants plus tôt.


"...Peut-être que la prochaine fois j'essaierai de faire une comédie... Un amour interdit entre frère et soeur... Et leur relation crée un conflit entre les parents..."


"C'est plus du suspense que de la comédie, non ? Et il n'y a pas d' 'amour interdit' entre moi et Charon, alors si tu annonces quoi que ce soit de la sorte aux paparazzi, je mets fin à notre contrat."


"..."


Le réalisateur nia avec vigueur tandis que Claudia souriait et que Charon approuvait froidement.


Il se mit une claque au visage - qui évoquait vaguement un croisement entre un ours et un porcelet - et revint à sa raison première d'être entré ici.


"Bref, on discutera du prochain film plus tard ! Je voulais vous parler de la campagne promotionnelle de [Shark Flight] ; vous vous rappelez quand je vous ai dit qu'on allait partir au Japon au cours de la campagne ?"


"Oui. J'ai réservé le mois entier, alors je devrais être libre..."


Le réalisateur approuva avec satisfaction, tapota son estomac corpulent, et éclata de rire. Il leur tendit une paire de propositions de planning.


La police de la couverture était en gras et facile à lire. Le format ne ressemblait en rien à aucune espèce de planning officiel.




[ Au sujet de la Grande Campagne Publicitaire pour Shark Flight à bord du Vaisseau Jumeau de Croisière de Luxe 'Entrance' (autant tourner les bonus DVDs là-bas aussi~) ]



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