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2002 [B Side] - Blood Sabbath


Chapitre 4 : Les Immortels se Préparent pour le Voyage




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Un certain jour d'août 2002. Port de Yokohama.




"C'est la mer !"


Malgré qu'il ait été adulte pour la majeure partie de sa vie et plus encore, le jeune homme qui criait ainsi en écartant grand les bras était absolument surexcité de se trouver là.


"Est-ce que ce n'est pas incroyable ? La mer est tellement vaste ! C'est super ! Quand on compare les gens qui ont grand cœur à l'océan, on ne parle sûrement pas de la quantité de miséricorde qu'on est prêt à accorder ; je parie qu'il s'agit d'avoir le coeur si vaste qu'on ne se laisse pas importuner par les petits détails ! Alors souriez, tout le monde !"


Alors que l'homme débitait ce qui lui passait par la tête sans cohérence aucune, ses compagnons de voyage lui dirent ce qu'ils en pensaient, l'air incrédule.


"Tu es train de rire. De la mer. Est-ce que tu essaies d'annoncer publiquement ton idiotie ?"


"Je l'affirme. L'océan t'acceptera sans problèmes, alors prépare-toi à servir de nourriture aux poissons."


"Vous dites que des trivialités ne risquent pas d'importuner l'océan, Maître Elmer ? De telles affirmations ne peuvent qu'encourager la pollution de l'environnement."


Le jeune homme acquiesça et offrit la même réponse à ses trois camarades.


"Je sais, je sais. En tout cas, l'océan est génial."


"Je l'ordonne. Écoute quand on te parle, Elmer."


"Je vous ai écouté. Et je vous ai ignoré."


"Je l'ordonne. Meurs, Elmer. Non, je vais te tuer moi-même."


L'homme à la peau sombre portant un masque, tout droit sorti d'un festival en Amérique du Sud ou en Asie du Sud-Est, saisit l'homme appelé Elmer d'une seule main et serra de toutes ses forces.


"Toujours susceptible, hein, Nile...? Gaaak !"


La femme aux cheveux argentés qui les accompagnait sourit d'un air taquin et lissa sa coiffure en arrière, en observant l'homme dont le visage prenait une teinte violacée--Elmer C. Albatross.


Un peu à l'écart, l'asiatique admirait sa silhouette ensorceleuse et murmurait quelques mots.


"...Quelle beauté enchanteresse."


"Hm ? Tu as dit quelque chose, Denkuro ?"


"Qu-que non. N'y prêtez aucune attention, Dame Sylvie."


Denkuro se détourna. La femme pencha la tête, l'air confus, mais se convainquit qu'elle devait avoir mal entendu et se remit à observer l'océan.


Ces quatre personnes étaient toutes d'âges et de races différents.


Bien sûr, la question de leur différence d'âge était, dans un sens, une trivialité. Après tout, ils appartenaient tous à la même catégorie d'âge, étant donné qu'ils avaient tous plus de trois cent ans.



Elmer C. Albatross


Nile


Slvie Lumière


Togo Denkuro



Il y avait deux points cruciaux qui reliaient ces personnes ensemble.


Le premier était qu'ils avaient tous traversé l'océan Atlantique en bateau en 1711.


Le deuxième était que tous les quatre possédaient la particularité d'être immortel.


Au moment où ils burent le vin nommé 'Élixir d'immortalité', leurs corps devinrent à la fois humains et inhumains.


Ils étaient des immortels dont les corps se soignaient de n'importe quelle mort ou blessure. Même une seule goutte de sang, séparée du reste du corps, se tortillait comme une créature vivante pour le rejoindre. Et dans le même temps le corps continuait à assurer ses fonctions métaboliques normales ; c'était une capacité fort pratique.


Les trente et quelques personnes qui avaient reçu en 1711 le cadeau de l'immortalité à bord de ce navire n'étaient aujourd'hui plus qu'un tiers de leur nombre initial. D'autres avaient suivi leurs traces sur la voie de l'immortalité, mais ils ne comptaient pas parmi les alchimistes originels.


Seul un immortel pouvait tuer un autre immortel. Il lui suffisait de placer la main droite sur la tête de l'autre immortel et de penser, "Je veux le dévorer". Le corps et toute la connaissance de sa victime étaient alors entièrement aspirés par le dévoreur.

On ignorait où la masse physique de la personne dévorée disparaissait. L'un d'entre eux avait théorisé que le corps était converti en une quantité d'énergie massive, requise pour transférer les souvenirs et connaissances d'une personne à l'autre ; mais cet immortel s'était fait dévorer il y a bien longtemps.


Et même si on aurait pu croire que les immortels allaient devoir passer l'éternité dans la peur et la défiance mutuelle, ces quatre-là semblaient faire exception.


Grâce aux efforts d'un autre immortel - Maiza Avaro - Elmer et les autres avaient finalement été réunis le mois dernier avec Denkuro, le dernier de leurs camarades. Maiza était retourné à New York avec un ami, affirmant avoir atteint son objectif. Mais Elmer et les autres étaient restés au Japon pour profiter de leurs jours de paix.


Ils ne se déplaçaient pas en groupe, cela dit. Chacun était resté au Japon pour ses propres raisons. Elmer fréquentait les salles d'arcade et les magasins de jeux, proclamant que "les jeux japonais sont incroyables !" ; ayant appris la langue en jouant, il en était au point où il pouvait finir un visual novel japonais sans aucune aide.


Mais il y avait une raison particulière qui les avait poussé à se réunir ainsi.


"Franchement, qu'est-ce que Huey fabrique encore ?" marmonna Sylvie, en examinant le dépliant dans sa main.


Le dépliant, qui ressemblait à un passeport en cuir d'un luxe ostentatoire, était en fait une carte d'embarquement pour un vaisseau de croisière.


Huey Laforet.


Il était un des immortels survivants de 1711. A une certaine époque, c'était un terroriste célèbre aux États-Unis. Ils avaient entendu dire qu'il avait été arrêté dans les années 1930, mais aucun d'eux quatre n'avait la moindre idée de ce qui avait pu lui arriver après ça.


Cependant--


Des invitations inattendues parvinrent à ces quatre-là, qui vivaient chacun leur vie au Japon. Des billets pour une croisière de luxe, envoyés sous le nom 'Huey Laforet', accompagnés d'un message : "Une fois de plus, retrouvons nous sur les mers".


"Très franchement, je ne comprends pas à quoi ça rime."


Sylvie envisagea initialement de déchirer le billet en mille morceaux, mais une inquiétude tenace au fond de son crâne la poussa tout d'abord à en discuter avec les autres. Après en avoir parlé tous ensemble, les autres ayant reçu la même invitation, ils furent tous convaincus d'accepter par Elmer, qui leur dit en plaisantant à peine : "Si ça vient vraiment de Huey, il va juste nous en renvoyer une si on l'ignore. Il va nous en renvoyer une chaque jour."


Occupés par les documents légaux et les passeports nécessaires, Sylvie et les autres n'eurent pas l'occasion de se renseigner sur l'élément le plus important : quel genre de navire était vraiment l'Exit.




"...J'avais entendu dire que c'était un navire de très haute classe, mais je ne m'attendais pas à ça," murmurait Sylvie d'un air incrédule. Elle observait une forme sombre du coin de l'œil.


Cette forme amarrée aux quais gigantesques du port de Yokohama paraissait, plus que tout, 'déplacée'. En terme de pure magnitude elle combinait élégance, luxe, splendeur et majesté, mais la première chose qui frappait l'esprit était son incongruité.



Le vaisseau de croisière de luxe Exit.



C'était une forteresse marine qui ressemblait à un centre de loisirs converti en château, qu'on aurait jeté à l'eau. C'était un des meilleurs vaisseaux de croisière au monde, construit par une association entre plusieurs entreprises américaines et japonaises. Un navire colossal, rempli de toutes les commodités qu'on puisse imaginer trouver en pleine mer.


Avec toutes sortes d'événements prenant place à bord et tout le luxe mondial mis à disposition des voyageurs, ce bâtiment spécial possédait une soute tellement vaste qu'on pouvait y faire un tour en voiture. Il avait accueilli des salons internationaux du Jeu par le passé ; l'Exit était, d'une certaine façon, plus connu pour être un lieu d'exposition et d'événements spéciaux qu'un vaisseau de croisière.


Il y avait encore un autre détail intéressant au sujet de ce navire.




Le vaisseau sœur Entrance.




Ce vaisseau avait un jumeau à la structure identique. Les deux bateaux étaient nommés Exit et Entrance, signifiant respectivement "Exit from Reality" et "Entrance to Paradise".


Cette particularité était mise à profit lors de la "Rencontre" qui avait lieu durant la traversée du Pacifique ou de l'Atlantique, lorsque les deux navires passaient l'un à côté de l'autre à longueur de vue et tirait des feux d'artifice pour souhaiter un voyage heureux à l'autre vaisseau.


"C'est incroyable ! Qu'est-ce qui va se passer quand le navire noir et le navire blanc vont se rencontrer ? Peut-être qu'ils vont se transformer en l'un de ces symboles yin-yang - ceux qui ressemblent aux manchots empereurs. Ils vont peut-être même invoquer une créature extraordinaire ?!"


"Hm. Celui-ci préférerait qu'un tel événement se garde bien d'avoir lieu," répondit Denkuro.


Sylvie leva les yeux pour admirer la coque du vaisseau.


Les deux vaisseaux sœurs étaient de conception identique, mais il y avait une différence majeure entre les deux. Il s'agissait de leur couleur. En comparaison avec la couche de peinture blanche qui recouvrait l'Entrance et lui donnait l'allure d'un cygne sur l'eau, l'Exit était d'un noir abyssal. Si jamais il coupait ses lumières la nuit en pleine mer, il serait très difficile de le repérer.


Un vaisseau majestueux d'une noirceur solennelle, et son élégante sœur vêtue de blanc.


Sylvie relut les dimensions du navire mentionnées dans le dépliant. Il faisait 306 mètres de long, 55 mètres de hauteur, et 52 mètres de largeur. A cause de la soute colossale et des installations pour les événements spéciaux, la capacité était plutôt réduite comparée à d'autres vaisseaux de cette taille. Cependant, il pouvait tout de même transporter plus de 2500 passagers et plus d'un millier de membres d'équipage.


"Ils ont même des salons de beauté... J'aimerais bien y faire un tour, mais ça doit coûter très cher..." murmura Sylvie. Elle semblait être de plus en plus mal à l'aise, et se retourna vers Elmer.


"Hé, est-ce vraiment prudent d'y aller ? Et si Huey nous tendait un piège pour faire de nous ses rats de laboratoire ?"


"Je ne peux pas affirmer que c'est impossible. Il tuerait sa propre fille pour satisfaire sa curiosité."


"..."


"C'est pour ça que je ne vous force pas à venir à bord. Bien sûr, j'irais avec entrain même si je savais que c'était un piège. Ça fait un moment que je n'ai pas vu Huey."


Elmer comptait embarquer, non pas à cause d'une quelconque responsabilité, mais simplement parce qu'il avait envie de saluer son ami. Sylvie n'avait rien à répliquer à cela. Elle soupira.


"Toi et Huey, vous êtes vraiment très proches, hein ? Alors qu'on dirait que vous n'avez aucune chance de vous entendre."


"Ah bon ? Ça fait bien trois cent ans qu'on se connaît, et on ne s'est jamais disputés."


"C'est comme ça que tu le vois, mais Huey répondrait peut-être différemment."


"Ouais. Il m'a déjà dit la même chose, en fait," acquiesça nonchalamment Elmer. Sylvie coupa court à la conversation avec un air exaspéré.


Elle n'arrivait pas à détester cet homme nommé Elmer.

Elle ne pouvait pas le détester, mais elle savait--qu'il était complètement brisé.

Voilà ce qu'elle pensait de lui.


Ils pouvaient tenir une conversation tous les deux, mais parfois il lui arrivait de se demander si elle parlait bien à quelqu'un de la même espèce. Elle n'arrivait jamais à comprendre ce qu'il pouvait penser.


Et pourtant Sylvie estimait qu'Elmer était une personne digne de confiance. Après tout, elle ne s'aventurerait pas en présence d'autres immortels, potentiellement au risque de sa vie, si ce n'était pas le cas.


'Ah, de toute façon, moi aussi je me moque bien qu'il s'agisse d'un piège.'


Autrefois, l'unique objectif de la vie de Sylvie avait été de venger son fiancé.


C'était en 1711. Une tragédie au cours de laquelle un certain alchimiste devenu immortel avait commencé à dévorer ses camarades et amis. Sylvie avait été épargnée parce qu'elle n'avait pas encore bu l'Élixir à cette époque, mais le jeune homme qui était tout pour elle lui avait été arraché.


'Gretto...'


Sylvie se mit à serrer silencieusement du poing, se rappelant le nom, le visage, et la voix de son fiancé.


L'homme qui l'avait dévoré, Szilard Quates, n'était plus de ce monde. Et bien que Sylvie ait perdu l'unique objectif qu'elle s'était fixé, elle n'avait pas pour autant perdu l'envie de continuer à vivre. Bien qu'elle ait presque sombré dans le désespoir et le néant à une certaine époque, elle s'accrochait à la recherche d'un nouveau sens à donner à sa vie.


'Gretto... Je te garderai toujours dans mon cœur.'


Quelqu'un qui avait définitivement existé par le passé. Quelqu'un qui n'existait plus de nos jours.


Sylvie secoua la tête, perdue dans ses souvenirs.


'Ça ne rime à rien de ressasser vainement le passé. A partir de maintenant, je vais me trouver une aspiration. Je vivrai la tête haute, pour nous deux. Jusqu'à ce que ma vie prenne fin.'


Sylvie prit cette résolution en silence. Une résolution qui apaisa toutes ses craintes envers ce voyage, bien qu'elle ignore s'il s'agisse d'un piège ou non.


'Si je dois mourir ici, eh bien soit ; ma vie prendra fin de cette manière. Et si l'un de mes camarades de l'Advenna Avis s'apprête à tenter quelque chose de stupide, le moins que je puisse faire est d'essayer de l'en empêcher.


Après tout, c'est ce que Gretto aurait fait'.


Au final, Sylvie était toujours accompagnée de l'ombre de celui qu'elle aimait. Mais elle ne s'en formalisait pas, et observait le navire de croisière devant elle avec un sourire.




Il allait bientôt être l'heure, alors tous les quatre commencèrent à se diriger vers le quai d'embarquement.


Elmer répéta soudain la question que Sylvie lui avait adressée plus tôt aux autres.


"Qu'est-ce que vous en dites, Nile, Nin-nin ? Ça vous inquiète ?"


"Je l'affirme. Je m'en moque. Plus rien de ce que prépare Huey ne peut me surprendre."


"Celui-ci croit bien qu'il serait judicieux de rester sur ses gardes... Attendez un instant, Maître Elmer. Par 'Nin-nin', vous parlez bien de celui-ci ?"


Denkuro demanda confirmation, en levant la main. Elmer lui répondit avec le sourire.


"Tout juste ! 'Ninja' est trop compliqué à prononcer, alors je vais t'appeler 'Nin-nin' à partir de maintenant."


"Ça ne gênerait guère celui-ci que vous l'appeliez 'Denkuro'... Et d'ailleurs, celui-ci n'est pas un ninja."


Denkuro laissa échapper un soupir d'agacement. Elmer semblait un peu désappointé, mais accepta de s'adresser à Denkuro en employant son nom. Denkuro se détourna vers le navire, mais sentit son regard attiré par Sylvie, qui regardait elle aussi l'Exit un peu plus loin.


'Vraiment, sa vue est des plus ravissantes.'


Constatant que sa distraction était sur le point de l'engager sur une voie déconseillée, il fit un effort pour restreindre son coeur qui s'emballait et discipliner ses pensées.


Le cœur de Sylvie appartenait à Gretto, et elle l'aimerait pour l'éternité.


'Quand bien même, peut-être la fleur au bord du précipice possède-t-elle son propre attrait particulier.'


Il retint un rire amer et regarda le navire--


"Hm... Bien que celui-ci n'ait pas eu l'opportunité de les observer de ses propres yeux, peut-être les 'Noirs Vaisseaux' dont celui-ci a entendu parler dans ses lectures étaient-ils similaires à de tels bâtiments. Il ne serait guère difficile à une flotte de Behemoths pareils de déclencher une panique affolée chez la population..."


"Je l'affirme. Même ces vaisseaux ne pouvaient pas être aussi imposants."


"Que non, celui-ci croit bien qu'ils étaient suffisamment exotiques pour dégager une telle impression."


"C'est compréhensible. Enfin bref, ça ne te pose aucun problème de monter dans le bateau ?"


" ? Qu'entendez-vous par là ? Celui-ci ne se rappelle pas avoir déjà souffert du mal de mer à bord de l'Advenna Avis," répondit Denkuro avec un regard perplexe. Nile lui répondit calmement.


"J'ai entendu dire que tu t'étais retrouvé congelé dans l'Océan Arctique ?"


"...Celui-ci se déplaçait à pied lors de cet incident. N'ayez aucun souci ; celui-ci ne ressent en aucun cas d'aversion envers l'océan lui-même."


"Heureux de l'entendre. ...Cela dit, je ne suis guère amateur de bateaux moi-même."


"Celui-ci oserait-il s'enquérir de la raison ?"


'Dire qu'il existe quelque chose capable de déstabiliser même cet homme là...'


Denkuro posa tranquillement la question, étonné. La réponse de Nile fut toujours aussi stoïque.


"Parce que ça me rappelle l'Advenna Avis."


"...Ah."


Ç'avait été un événement tragique. Ils avaient perdu de nombreux amis au cours de cette seule nuit. A la recherche de la vie éternelle, ils avaient fini par invoquer la mort--par invoquer le meurtre, la plus funeste des issues.


"Regrettez-vous d'avoir consommé l'Élixir, Maître Nile?"


"Je l'affirme. Immortel ou non, je suis vivant. Si j'ai le temps d'avoir des regrets, je le dépenserai en suivant mes impulsions naturelles."


"'Naturelles', dites-vous ! Voilà une réponse des plus appropriées pour vous."


Tout en discutant, ils parvinrent enfin à l'entrée du terminal d'embarquement.



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Le terminal était rempli à craquer par les gens qui allaient embarquer à bord du même navire. Il y avait fort peu de japonais ; la plupart des passagers étaient de race blanche ou noire, avec très peu d'asiatiques dans l'ensemble.


"Nous ne sommes pas japonais, mais c'est plutôt étrange de voir ça pour un bateau qui part du Japon."


Elmer offrit à Sylvie un sourire d'une joie excessive.


"Ah, c'est vrai ! J'ai entendu dire que certaines personnes prenaient l'avion des États-Unis jusqu'ici et repartaient en bateau. Ça doit être difficile de choisir combien de temps accorder à chaque voyage, hein ?"


"Tu as probablement raison, avec l'économie japonaise en plein marasme. J'imagine que personne ne peut se payer une croisière à un prix pareil," supposa Sylvie, en regardant aux alentours. "Enfin, Nile... Pourquoi tu n'enlèverais pas ton masque, juste ici ? Tout le monde nous regarde--même les gardes de sécurité."


Nile, qui s'obstinait à porter son masque et sa tenue tribale habituelle, rétorqua : "Je l'affirme. Je ne fais qu'attirer leur regard. C'est toi qui capture et retient leur attention."


"..."


Sylvie observa les gens qui les entouraient. Des hommes et femmes de tous âges commençaient par observer Nile, avant de s'intéresser à Sylvie. Bien entendu, les enfants faisaient exception ; plusieurs d'entre eux avaient fait signe à Nile, l'air curieux, avant d'être éloignés en toute hâte par leur mère.


"Ah... Désolée, on dirait que tu as raison."


Sylvie était notamment cernée par les regards masculins. Bien qu'elle ait l'habitude de telles situations, ce serait mentir de dire qu'elle n'était pas embarrassée ; après tout, elle venait juste d'essayer de reporter la faute sur Nile.


"Pour être honnête, je ne sais pas si ça doit me rassurer," soupira Sylvie. Denkuro garda le silence, et Elmer répondit avec son leitmotiv habituel.


"Okay, sourions ! Tu es encore plus belle avec le sourire, Sylvie !"


Il n'y avait rien à y faire.



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"Ah, là-bas ! Là-bas ! Elle est là ! Regardez ! M-Miss Rucott ! Cette femme--c'est la femme là-bas...! Vous vous souvenez, je vous avais montré une photo d'elle ? Là-bas, c'est Miss Sylvie !"


"...Oui."


"Elle est radieuse... elle est tellement plus belle en personne ! Vous voyez, je, euh, pensais qu'ils avaient peut-être choisi une personne particulièrement photogénique ! Mais maintenant que je la vois...! C'est tout juste si la photo ne ternit pas sa beauté !"


Bride saisit la main de la femme à ses côtés--son 'épouse' Silis, actuellement connue sous le nom de Rucott. Sa voix enthousiaste s'adressait à Silis, mais son cœur et son regard appartenaient à cette femme se tenant un peu plus loin.


La femme aux cheveux argentés portait une robe qui laissait ses épaules et la ligne de son cou exposées, avec un cardigan tout simple enfilé par dessus. Ses bras traçaient un arc fin et délicat évoquant la pose d'une statue de marbre. Elle avait la stature élégante mais redoutable du prédateur.

Des mèches soyeuses encadraient son visage d'un équilibre parfait, et ses cheveux courts et argentés étaient légèrement ébouriffés-- ce qui ne mettait que davantage en valeur sa sublime apparence.


"Ah, non, je me sens nerveux tout d'un coup."


"...Oui."


Silis répondit à Bride, avec l'expression vide d'une poupée. Mais Bride se moquait bien de sa réaction. Il était entièrement captivé par la beauté de Sylvie.


Normalement, rien n'aurait pu mieux décrire Sylvie que le mot 'sublime'. Mais cette beauté était presque surnaturelle, comme pouvait l'être la représentation d'une déesse. On aurait dit que sa beauté ensorceleuse avait été tout particulièrement conçue pour susciter le désir chez l'humanité ; comme la beauté du diable ou d'une succube.


Mais bien que l'apparence de Sylvie attire même l'attention des femmes, Silis ne lui accordait pas un regard. On pouvait se demander si elle avait seulement conscience de sa présence. Bride ne semblait pas découragé pour autant. Il ignora tout ce que Silis aurait pu vouloir dire, et continua à exposer en long et en large ses opinions et son ressenti.


"Captivant... Elle est une œuvre d'art, le chef d'œuvre d'un sculpteur italien--autrement dit, comme une statue. Mais qui n'aurait pas pour modèle une déesse, un ange ou un saint... C'est comme si elle avait été façonnée d'après un amour lubrique, peut-être une succube ou une séductrice..."


"...Oui."


"Ah, vous vous demandez peut-être pourquoi un homme religieux comme moi discute de déesses et autres. Vous savez, notre foi accepte les mythes et les panthéons des autres religions. Enfin, tant qu'on admet que ce ne sont que des histoires."


"...Oui."


"Qu'est-ce que vous en pensez ? Je doute que vous puissiez soutenir la comparaison face à cette femme."


"...Oui."


"Oui, vous avez raison."


"...Oui."


"Est-ce que vous êtes jalouse d'elle ?"


"...Oui."


"Vous avez hâte de mourir, pas vrai?"


"...Oui."


"Vous m'écoutez, quand même ?"


"...Oui."


"Alors tout va bien. Si tout se passe sans trop de souci, je devrais m'occuper de vous durant le voyage ; est-ce que vous tenez à dire quelque chose auparavant ? Après tout, nous sommes mari et femme ! Laissez-moi au moins faire cela pour vous."


Bride n'était pas sarcastique. Ses mots sincères provenaient de son sens de la justice et de la responsabilité qu'il avait accepté en tant que mari de recueillir les derniers mots de sa femme. C'était ce qui le rendait d'autant plus terrifiant, mais Silis n'était pas en état de réfléchir à des choses pareilles.


Elle était complètement hors-circuit.


Elle était suffisamment consciente pour passer le contrôle d'immigration, mais il était clair qu'elle n'était pas elle-même ; et sa réponse ne changea pas des précédentes.


"...Oui."


"Excusez-moi ?"


"...Oui."


"Alors vos derniers mots sont 'Oui' ! Je vois... Avec ce mot, vous acceptez votre propre volonté, votre vie, et votre mort... Je suppose que ça veut dire que vous m'autorisez à vous tuer, n'est-ce pas ?"


"...Oui."


"Ah, merci... Je vous suis sincèrement reconnaissant, Rucott. C'était une excellente réponse. Je n'en attendais pas moins de mon épouse. Nous ne formons qu'un seul et même être--vous remplissez à merveille votre rôle de prêtresse temporaire, Rucott."


Et pour la première fois, Bride se tourna pour la regarder droit dans ses yeux dépourvus d'expression--


Et déposa ses lèvres sur les siennes.



L'espace d'un bref instant, son visage reprit vie.



"...N-non...! Non... nooon.... aghh..."


Avant que Silis puisse finir de crier, l'une des femmes qui accompagnaient Bride la frappa rapidement dans les côtes d'un geste discret. Silis perdit conscience et s'effondra dans les bras de Bride. Bride la supporta tout en murmurant à voix basse, l'image parfaite d'un jeune homme nerveux.


"Alors tu es encore consciente. Ma pauvre... il ne te reste plus que la douleur. ...Mais j'imagine qu'il vaut mieux que notre prêtresse conserve sa santé mentale..."


Il secoua la tête silencieusement et laissa Silis à l'homme à l'apparence simiesque se tenant derrière lui.


Le cri de Silis il y a un instant avait été assez bruyant. Autour d'eux se trouvaient de nombreuses personnes qui voyageaient seules, en couple ou en famille. Mais son cri avait été complètement effacé par le coup qui l'avait fait taire. Le cri semblait même n'avoir jamais existé.


Ce n'était pas à cause de l'endroit où ils se trouvaient--


Mais à cause des gens qui les entouraient.


Les gens qui se tenaient en demi-cercle autour de Bride et Silis, appuyés contre le mur--transportaient tous une certaine chose dans leurs valises, les jeunes comme les vieux.


Leurs tenues sacrées en rouge et noir.


Chacun d'entre eux faisait partie de SAMPLE.


L'armée impénétrable de Bride avait envahi l'endroit.




Il n'étaient qu'à peu près deux cent. Ils représentaient moins de dix pourcent des passagers à bord du navire; mais dix pourcent écrasants. Ils vivaient pour leur foi, dans la générosité comme dans la malveillance. Et bien qu'ils aient entendu le cri de Silis, tous affichaient un large sourire.



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"Hé, vous avez une minute ?"


"...Hm ?"


Nile attendait, avec une expression bourrue derrière son masque. Il se trouva soudain abordé par une silhouette encore plus grande que lui.


"Désolé du dérangement. Je me demandais juste... C'est quoi, ce masque que vous portez ? Je vous observe depuis un moment, je n'arrive pas à me l'ôter du crâne."


La femme qui s'adressait à lui en anglais était une géante qui dépassait les deux mètres de hauteur. Il n'y avait pas que sa taille ; sa carrure musclée rivalisait aisément avec celle de Nile, mais ses formes voluptueuses clairement féminines et les traits de son visage la rendaient plutôt séduisante.


Cette femme avait abordé Nile avec assurance, par simple curiosité ou par excès d'audace. Cependant, Nile resta stoïque et lui répondit doucement.


"...Je l'affirme. Il s'agit d'une simple inclination personnelle."


En réalité, Nile avait une raison bien précise de porter ce masque, mais il ne rimait à rien d'en parler à un simple mortel. Voilà ce qu'il avait décidé quand il livra sa réponse.


La femme écarquilla les yeux un instant, avant de se mettre à éclater d'un rire gras.


"Gahaha ! Je vois. Aussi simple que ça, hein ? Je vois... Inclination ! Haha ! Désolé pour ça, ça me rendait folle ! Excusez-moi !"



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La femme s'en alla avec un signe de la main, laissant son rire résonner derrière elle.


"...Je le demande. Qui était cette femme ?"


"Celui-ci ne saurait dire... mais il est naturel que ceux pourvus d'une grande curiosité s'inquiètent de savoir pourquoi vous vous couvrez d'un masque, Maître Nile."


Nile croisa les bras en entendant la réponse de Denkuro et se tourna vers les autres.


"Je le demande. Est-ce vraiment étrange ?"


"Wouah, je n'aurais jamais pensé entendre une question aussi stupide...! Bien joué, Nile ! Je tiens à t'exprimer mon estime pour cette superbe plaisanterie en riant ! Choisis : rire enragé, rire étouffé, ou rire insultant ! Je parie que je pourrais même réussir le meilleur rire sarcastique du monde pour toi !"


"Alors je t'ordonne de rire à t'en éclater la poitrine."


Nile se saisit d'Elmer pour lui faire un Iron Claw à la poitrine. Denkuro soupira, sans même essayer de l'arrêter. Sylvie observait la femme qui s'en allait, en faisant une remarque d'un ton admiratif.


"...Elle est tellement musclée, mais sa poitrine est si grosse... et ils ne ressemblaient pas à du silicone. Elle a dû passer beaucoup de temps à la salle de musculation..."


"Owowowowowow ! Pardon, Nile ! Je m'excuse, alors je t'en prie, retire tes doigts de mes côtes."


Une fois que Nile eut relâché sa prise après qu'il ait présenté ses excuses, Elmer put enfin suivre du regard la direction dans laquelle la femme avait disparu. Elle était déjà loin, mais sa taille imposante la faisait ressortir dans la foule.


"Cette dame doit s'être entraînée très sérieusement. Elle a l'air tout droit sortie d'un jeu de combat. Elle pourrait sûrement mettre Chun-Li K.O. avec des jambes pareilles ; vous pensez qu'elle a un combo spécial si on presse la bonne combinaison ?"


"Je l'affirme. Je ne joue pas aux jeux vidéo."


"Quoi ? Alors qu'on est au Japon--tu rates vraiment quelque chose. Cela dit, je suppose qu'il n'y a pas que les jeux au Japon. Maintenant que j'y pense, c'est la première fois de ma vie que j'ai vu Nile perdre une bagarre. Je garderai précieusement ce souvenir avec moi."


"Je l'ordonne. Ne parlons pas de ça."


"C'était où, déjà ? Je crois que c'était..."


"Je t'avais averti."


Elmer fut frappé d'un Iron Claw au visage cette fois-ci. Il décolla dans l'air. Et malgré le son de son propre crâne qui craquait, Elmer garda un sourire parfait tout en applaudissant.


"Haha ! Je suis heureux de voir que Nile est là pour me donner la réplique maintenant que Maiza est rentré, mais que faire ? Je ne peux pas rire avec un visage pareil !"


"Tu n'as qu'à essayer de rire par écrit," plaisanta Sylvie, apparemment habituée à de telles scènes. Elle attendait patiemment dans la file pour la porte d'embarquement.


"...Tiens, c'est vrai que cette femme s'est adressée à Nile en anglais... Comment pouvait-elle le savoir ? Ce n'est pas comme si on pouvait identifier son origine d'un simple coup d'œil..."


Sylvie observa Nile un instant, avant de se laisser distraire par une autre interrogation.




"Je me suis toujours demandé... Comment fait-il pour franchir les contrôles avec une tenue pareille...?"



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La femme très grande se dirigea vers un coin moins encombré du bâtiment, et s'adressa au garçon qui se tenait là.


"Hah ! Qui aurait cru que c'était une simple inclination personnelle ? Plutôt stupide de ma part."


"Je dirais que ton comportement est bien plus stupide que ta curiosité."


"Casse pas la tête ! Je me demandais depuis que j'ai vu sa photo--pourquoi est-ce qu'il porte un masque ? Une fois l'affrontement commencé, c'est un peu tard pour lui poser la question, non ?"


Aging rit avec entrain. Le Rookie pressa sa main contre sa tempe avant de secouer la tête.


"Je n'avais jamais envisagé... que tu aborderais la cible comme ça. Exactement. Je n'avais jamais envisagé que tu ferais une chose pareille."


"Pas besoin de me le répéter ! Gahaha ! Ne me dis pas que tu souffres d'Alzheimer à ton âge, gamin ?"


"Parle pour toi...!"


Le patron cria aussi discrètement que possible. Aging rit et lui tapa dans le dos.


"Les enfants comme toi ne devraient pas être aussi capricieux !"


Le choc de la paume d'Aging - aussi large qu'un éventail - expulsa tout l'air des poumons de Luchino.


"Gah !"


Il trébucha un moment, avant de se redresser et de la fixer du regard.


"Ça suffit comme ça, Aging."


"Okay, j'ai compris. Pas la peine de me regarder comme ça. Où sont tous les autres ?"


"Ils ont déjà franchi le contrôle. Ils sont à bord."


"Rapides. Alors, on se bouge, patron ?" Aging s'adressa à lui normalement tout en soulevant la valise à côté.


Le garçon en smoking lui jeta un regard réprobateur.


"Ne m'appelle pas ainsi... Tant que nous sommes en mission, tu dois m'appeler 'Rookie'."


"Et voilà, encore des caprices. La plupart des gens se mettraient à rougir et à détourner le regard quand une fille comme moi les appelle 'patron'."


"Tu me fatigues..."


Le Rookie ignora l'éclat de rire d'Aging et avança lentement vers les employés du contrôle d'immigration.


Après s'être temporairement séparé de son alliée plus expérimentée, le garçon adopta une expression pareille à un masque pour embarquer à bord du navire. Et ce masque était--


"Euh... C'est vous M. le Rookie ?"


"..."


Il entendit une voix lui parler dans sa langue natale et se retourna. Derrière lui se tenait un jeune garçon d'une dizaine d'années. Des gens qui semblaient être de sa famille se tenaient légèrement en retrait. Le garçon, qui s'était approché pour tirer sur la manche de son costume, avait un sourire innocent.


"Hé, vous pouvez me montrer un tour de magie ?"


"..."


Le Rookie resta silencieux un moment tandis que le garçon - probablement italien - le suppliait pour un tour. Mais il afficha soudain un sourire d'une élégance surprenante, referma sa main en un poing, et l'agita devant le jeune garçon. L'instant d'après, de multiples balles en caoutchouc apparurent dans sa main.


"Wouah ! C'est super cool !"


"Tiens. Elles sont à toi."


"Vraiment ?! C'est vrai ? Merci !"


Le garçon le salua et repartit en courant maladroitement vers sa famille. La femme qui devait être sa mère remercia le Rookie d'un geste de la main.


Luchino, le "Rookie Warlock".


C'était un jeune magicien, assez célèbre dans plusieurs pays. Tel était le masque--l'identité publique de Luchino Campanella. Ce garçon devait embarquer à bord et assurer un numéro sur scène en tant que magicien.


Et tandis qu'il se préparait à remplir aussi bien ses tâches publiques que secrètes, le sourire de l'enfant face au tour de magie dissipa en partie son anxiété. La 'noirceur' qui se formait en lui-même à chaque fois qu'il tuait quelqu'un - cette noirceur qui le salissait, formant un tourbillon épais qui lui retournait l'estomac - semblait se dissiper un tant soit peu chaque fois qu'il voyait quelqu'un lui sourire, comme l'enfant venait de le faire.


'Cela dit, je ne fais que fuir mes problèmes...'


Il avait été entraîné à cette carrière par son père, afin de dissimuler ses activités réelles. Bien que le père de Luchino lui ait suggéré plusieurs métiers, il avait personnellement tenu à choisir la façade peu courue de magicien.


"C'est juste. Peu importe si je m'enfuis. Que je revienne en arrière ou que je progresse vers l'avant, je ne peux pas m'arrêter."


Le Rookie, maudissant ses circonstances ou bien résigné à son destin, réprima cette noirceur dans un coin de lui-même et envoya un autre sourire au garçon et à sa famille.


Car, au moins pour cet instant, il ressentait que son masque pouvait devenir son vrai visage ; pour cette raison, le Rookie aux deux visages ne pouvait se permettre d'abandonner un seul sourire.



<==>



Après que Luchino soit parti, le petit garçon montra son cadeau à sa famille.


"Regardez, regardez ! C'est génial, non ?"


"Ah, grand frère ! T'es méchant, prête-les moi !"


La petite fille se cachant dans l'ombre de son père essaya d'attraper son frère en se plaignant. Mais leur mère interrompit le conflit en souriant avant qu'ils ne commencent à se disputer.


"Allons, allons. Il y en assez pour vous deux, alors partage avec ta sœur, tu veux bien ?"


"D'accord, maman."


"Très bien."


Le garçon tendit l'une des balles en caoutchouc à sa sœur, et ouvrit son sac pour ranger les autres.


Ils formaient une famille heureuse.

Une famille banale de quatre personnes, souriant joyeusement.

Et, bien sûr, leurs sourires étaient sincères.



Le sac de leur fils contenait uniquement une tenue de rechange.



Un assortiment étrange d'habits pour enfants, au motif rouge et noir.



<==>



Le vaisseau de croisière de luxe Exit.


D'innombrables passagers et un soupçon de violence.


Et avec une touche de malveillance, et un groupe d'immortels à bord--


Ce gigantesque monde fermé traçait sa route sur les vastes mers.


Un petit navire s'avançait à vive allure sur l'océan, tout droit vers la sœur qu'il devait rencontrer au milieu du Pacifique.


Tandis que l'océan s'étendait au loin devant lui, prêt à avaler aussi bien la malveillance que la compassion s'échappant du navire.




C'était à bord de ce vaisseau - un petit endroit comparé à la mer, mais un monde gigantesque vu de l'intérieur - qu'une tragédie soigneusement orchestrée allait débuter.




Dans ce navire silencieux, le rideau allait se lever dans un calme redoutable.





--> Interlude

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