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2002 [A Side] - Bullet Garden


Prologue 3 : Les Passagers Clandestins Font Dans l'Improvisation


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Il me poursuit.


Non, il ne me poursuit pas --


Il est là en un clin d'oeil, comme s'il se tenait là depuis le début.




Jusqu'à ce qu'il apparaisse, nous étions invincibles.


Après tout, on avait aucun mal à se débarrasser des flics. Et on savait que l'organisation en charge du coin était ridicule.


Maman, Papa, Grand-mère et Grand-Père, et même mon arrière-grand-mère avec son bandeau sur l'oeil me disaient toujours de ne pas plaisanter avec les Martillos, mais on s'en fichait complètement.


Je pensais juste qu'ils me faisaient la leçon pour que je ne fasse rien de mal. Je me disais : tout ce qu'on a à faire pour que ces mafieux nous lâchent, c'est de leur tendre un piège et de les faire arrêter par la police.


Mais--


Ça dépassait toutes mes prévisions -- non, mes rêves les plus fous.


On était super excités quand on a piqué le sac de ce japonais pas malin et qu'on a trouvé un appareil photo hors de prix à l'intérieur.


Mais--


Ce n'était pas la première fois qu'on dévalisait quelqu'un.


On n'avait encore jamais échoué jusque là. C'est pour ça qu'on n'avait pas peur.


Mais--


On se croyait invincibles. On pensait que personne ne pourrait ne serait-ce que tenter de s'opposer à nous.


Mais--


Mais--


Mais, mais ! Mais !


Mais il est apparu. Tout simplement apparu.


Ce salaud est apparu devant nous, et... et...


Là, tout de suite, je suis en train de m'enfuir.


Je ne sais pas comment ça a pu arriver.


J'ai immédiatement deviné ce qu'il était.


Il a dit s'appeler Ronnie, mais ça ne voulait pas dire grand chose.


Il est apparu soudainement dans notre QG, qui était fermé de l'intérieur.


Ce n'est pas comme s'il était caché là avant qu'on rentre.


Il est littéralement sorti de nulle part !


On était tellement excités, à discuter de chez qui on pourrait refourguer l'appareil photo, et de ce qu'on ferait avec l'argent--


Et soudain, il est apparu au milieu de la pièce et a parlé alors qu'on était encore sous le choc.


"Heureux de vous rencontrer... ou peut-être pas. Après tout, ça fait un moment que j'ai conscience de vos affaires."


"Qu-quoi ? Bordel, qu'est-ce que ?!"


Quand j'ai crié vers lui, ce salaud a plissé ses yeux démoniaques avant de répondre.


"Hm...? Mon nom est Ronnie, mais peu importe. Ce qui importe, vraiment, est le fait que vous ayez volé quelque chose à un touriste dans la zone couverte par notre Famille ; quelque chose de presque aussi précieux pour lui que sa propre vie. Et malheureusement pour vous, ce touriste nous a demandé assistance."


Je reviens sur ce que j'ai dit. Il n'était pas 'démoniaque', c'était un démon. C'était certainement un démon.


Il y avait quelque chose de dangereux chez ce type.


Non, pas dangereux, mais terrifiant.


Il était tout simplement terrifiant.


Et c'est pourquoi--c'est précisément pour ça que j'ai pointé mon couteau vers lui sans hésiter.


"Hmph. Des enfants comme vous devraient plutôt se contenter de leurs jouets. Ce n'est pas comme si vous mourriez de faim... Ah, peu importe."


L'instant d'après, le couteau était dans sa main.

J'ai senti le couteau dans ma main s'évaporer soudainement, et avant que je comprenne, il le tenait.


On s'est mis à courir.


"Fuyez !"


J'ai crié en direction des autres, et je suis parti droit vers la fenêtre tout en emportant le sac avec l'appareil.


J'ai couru jusqu'au balcon du premier étage et j'ai sauté sur le parterre de fleurs en contrebas.


Mes pieds me faisaient atrocement souffrir, mais je me suis forcé à continuer de courir.


S'il m'attrape, je suis fichu.


J'avais carrément l'impression qu'on était fichus depuis un bon moment, mais j'ai fait de mon mieux pour ignorer cette impression.


Mais je réalise maintenant que c'était une erreur.


Un de mes potes a dit, "On aurait juste dû s'excuser et lui donner l'appareil photo."


Je pense qu'il avait raison. Non, j'ai constaté qu'il avait absolument raison.


J'ai tourné au coin et je suis rentré en plein dans ce salaud--


Alors j'ai fait demi tour pour lui échapper, mais il me bloquait à nouveau le chemin--


Il était là en face de moi, où que j'aille--


Il était toujours .


Il m'a soulevé par le bras et--



<==>



"AAAAAAHHH-- Mph...!"


Plusieurs mains surgirent pour couvrir la bouche du garçon qui venait de se réveiller en hurlant.


(Bobby, espèce d'idiot ! Pourquoi tu gueules ?)


Le garçon de grande taille chuchotait méchamment, replié sur lui-même.


(Je me disais que tu étais bien silencieux. Alors tu t'es endormi ?)


Juste après ce commentaire de son camarade un peu enrobé, le jeune garçon afro-américain y alla de sa remarque froide et directe.


(Je suppose que tu faisais un cauchemar au sujet de l'incident où on nous a repris l'appareil. Ce n'est pas surprenant, rester enfermé dans un espace confiné comme celui-ci doit forcément te rappeler le lendemain où tu t'étais enfermé à l'intérieur d'un baril pendant toute la journée.)


"Uh.... ugh..."


Sentant des filets de sueur lui couler dans le dos, le garçon nommé Bobby se rappela la situation dans laquelle il se trouvait actuellement.


(Ouais. Désolé. V-vous croyez que quelqu'un m'a entendu ?)


(Nan. Heureusement, il n'y a personne autour pour l'instant. Je pense que le bateau va bientôt quitter le port.)


Les quatre garçons étaient allongés côte à côte dans l'obscurité.


Ils étaient actuellement dans l'un des canots de sauvetage à bord d'un certain vaisseau de croisière.


Le canot de sauvetage, d'un modèle incompressible, était rangé à l'intérieur du navire. Ils avaient créé un double-fond et s'étaient dissimulés à l'intérieur durant tout ce temps.


Le navire était soigneusement inspecté pour prévenir exactement ce genre de pratiques. Après avoir entendu que les canots de sauvetage allaient être échangés, les gamins avaient tenté le diable.


En conséquence, ils s'étaient retrouvés enfermés dans cet espace réduit depuis plus de vingt-quatre heures.


(Purée... il a intérêt à être sur ce bateau !)


(Bien entendu. Le Daily Days ne fait jamais erreur. Bien sûr, j'ai dû leur donner un de mes meilleurs ordinateurs en guise de paiement pour ces informations.)


(Ne sois pas radin ! Tu en as au moins sept !)


(Ohhhh. M-mais, tu sais ? Qu'est-ce qu'on va faire quand on tombera sur le type ? Tu as dit qu'on cherchait quelqu'un d'autre, pas ce fameux Ronnie, non ?)


Leur objectif était un acte de vengeance extrêmement personnel.



"On va leur montrer à ces salopards de Martillo qui c'est qui fait la loi !"



Quelqu'un aurait dû ôter cette idée de la tête de Bobby dès l'instant où il avait déclaré ses intentions.


Les trois autres le regrettaient amèrement, mais il n'y avait plus rien à faire au point où ils en étaient.


Bien qu'ils ne soient qu'un groupe de délinquants, ils avaient finalement été pris pour cible par un gang local.


La Famille Martillo.


Il semblait qu'ils soient de la camorra, pas de la mafia, mais ça ne changeait de toute façon pas grand chose.


Pour s'efforcer de faire oublier sa peur et son humiliation, Bobby avait décidé de s'opposer à cette organisation criminelle avec l'attitude crâne d'un gamin s'aventurant dans une maison hantée.


Si on y réfléchissait un peu, avoir dérobé les affaires d'un touriste signifiait qu'ils étaient déjà devenu les ennemis d'une organisation gigantesque nommée la police ; et bien que Bobby ait pris cet exemple pour affirmer que les choses ne pouvaient de toute façon pas empirer--


(Au moins la police ne nous tuera pas si on se fait attraper...)


Les mots de son ami grassouillet mirent Bobby en colère.


(Ne sois pas si peureux ! C'est gagné d'avance. Tout ce qu'on a à faire, c'est de s'emparer de l'argent de ce type et d'aller se planquer au Japon quand on débarquera. Ça va être du gâteau ! Il paraît que le Japon est plutôt laxiste.)


Le garçon enrobé et le petit décidèrent tous deux de briser les rêves de leur chef.


(Ils ne parlaient pas d'un taux d'arrestation de plus de 50% ?)


(Je crois bien qu'il est actuellement au-dessus de 90%. On dirait que je suis le seul d'entre nous à comprendre un mot de japonais. En oubliant nos déplacements à bord pour l'instant, comment comptes-tu nous faire franchir le contrôle d'immigration à la descente ?)


Même le garçon élancé se mit à se plaindre de son côté.


(Sérieusement... tu penses vraiment que ça va marcher ? Je veux dire, le capo des Martillo n'a pas l'air très dangereux, mais... c'est quand même un capo.)


Un capo de la Famille Martillo allait embarquer sur ce navire.


Pour ces jeunes, qui plaisantaient à moitié lorsqu'ils avaient décidé de jouer les passagers clandestins, c'était comme leur destinée. Bien sûr, ce n'était que leur interprétation.


Le capo portait des lunettes, il avait un visage juvénile et l'air pas très costaud.


Ils avaient entendu des rumeurs à son sujet, mails ils réalisèrent en l'observant de loin qu'il était probablement à peine plus vieux qu'eux. A partir de là, la Famille Martillo devint "une organisation qu'on a une chance de vaincre".


Oubliant pour l'instant l'homme aux yeux acérés, les jeunes décidèrent de leur côté qu'un capo aussi faible serait une cible facile. Et avec leur décision et impulsivité enfantine--


Ils se trouvèrent enfermés dans cet endroit exigu.


(Je n'aurais pas prévu ça comme ça si ce type avait été seul !)


Bobby se mit à baisser la voix, et--


(J'ai entendu dire que sa famille est à bord aussi. Une fille d'environ son âge et un gamin d'à peu près dix ans.)


(Sa famille ?)


(Hm. J'imagine que cette fille doit être la grande soeur du capo et le gamin son petit frère. Ils doivent faire un voyage au Japon entre frères et soeur.)


Au milieu de leur conversation, ils entendirent soudain un puissant BANG !


Leur visage pâlit instantanément.


Le jeune afro-américain soupira et fit une expression qui signifiait, "La partie est finie pour nous."


Cependant, les jeunes restaient tout de même immobiles et essayaient de se concentrer pour entendre ce qui se passait à l'extérieur--


Quand ils entendirent une voix.


Une voix atteint leurs oreilles.



"Un endroit où me cacher... Je dois trouver un endroit où me cacher..."



C'était la voix d'une jeune fille.


'Hein ?'


Avant qu'ils aient eu le temps de comprendre ce qu'ils venaient d'entendre--


"Hein ? Ce fond... On dirait que je peux l'ouvrir..."


La lumière se répandit sur les jeunes alors que le double-fond s'ouvrait.


Alors que les garçons regardaient le double-fond se soulever avec une expression choquée, ils virent une jeune fille tout aussi surprise aux longs cheveux blonds.


La fille, qui semblait être du même âge ou un peu plus jeune qu'eux, observa autour d'elle d'un air désespéré.


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Puis, elle rentra précipitamment à l'intérieur du double-fond comme si elle venait de repérer quelqu'un.


(Hééééééééééééé?!)


(Désolée. Laissez-moi me cacher ici un moment, s'il vous plaît !)


La charmante jeune fille se glissa rapidement à côté de Bobby et referma le double-fond.


Rougissant comme une tomate, Bobby posa une question à la fille alors qu'il était saisi d'une tempête d'émotions indescriptibles.


(Qu-qui es tu ?!)


La fille sourit et se présenta.


(Je m'appelle Carnea.


...et comme vous pouvez le voir, je suis une passagère clandestine !)



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