L'anime de Baccano! a été produit par le studio Brain's Base en 2007.
On retrouve Takahiro Omori à la réalisation, connu entre autres pour son travail sur Koi Kaze et Haibane Renmei, Noboru Takagi au script,
et Takahiro Kishida au character design, déjà responsable de ce poste pour Serial Experiments Lain et plus récemment Puella Magi Madoka Magica.
On notera que l'équipe de production est partie en voyage à New York lors de la réalisation de l'anime, ce qui a aidé le directeur artistique Kiyoshi Ito à
poser des décors et une ambiance de qualité, qui plongent complètement le spectateur dans la période de la prohibition.
La musique n'est pas en reste, réalisée par le compositeur Makoto Yoshimori ; les sonorités très jazzy collent parfaitement à l'époque et évoquent un bon film de gangsters.
Au final, si l'anime ne se distingue pas spécialement par son animation, il dégage cependant une certaine esthétique propre,
arrivant à mêler des scènes d'une violence extrême, des séquences d'action rythmées et des moments plus calmes ou sérieux dans un tout cohérent,
sans jamais perdre cet aspect "cool" et posé qui lui donne son petit caractère et le rend inoubliable.
Le scénario de l'anime reste très fidèle à celui des romans tout en procédant à quelques adaptations.
Centré sur les années 1930, l'anime adapte les arcs 1930, 1931 et 1932 en ôtant certaines intrigues et en piochant des éléments de 2001 et de 1933.
Les trois arcs sont entremêlés et narrés simultanément tout au long des épisodes, en gardant pour fil directeur l'incident du Flying Pussyfoot.
Les trois OVA finales, elles, adaptent en partie "1931 - Another Junk Railroad" et introduisent le personnage de Graham Specter.
On apprécie qu'en à peine 13 épisodes et 3 OVA, l'anime arrive à développer un minimum les personnages de la série et à restituer fidèlement leur caractère.
Même si certains restent plus en retrait que d'autres, la galerie de lunatiques et de psychopathes créée par Narita prend vie de façon spectaculaire à l'écran.
On remarquera d'ailleurs un doublage très convaincant et enthousiasmant que ce soit dans sa version
japonaise ou américaine.
L'anime prend le pari de mélanger les trois trames principales qu'il adapte en sautant d'une année à l'autre durant les épisodes.
En multipliant les flashback, les flashforward et les personnages, l'anime perd rapidement les spectateurs lors des premiers épisodes.
Le premier épisode se paie même le luxe de commencer par la fin, montrant la conclusion des différentes intrigues avant de revenir au début !
Cependant, plusieurs astuces de réalisation permettent au spectateur de reprendre pied et de reconstituer peu à peu le déroulement des événements, décuplant le plaisir qu'il en retire.
On pensera notamment à cet opening très rythmé et cool qui resitue les personnages principaux et rappelle leur nom, tout en incluant même un bref résumé des événements importants pour l'épisode à venir.
Des écrans préviennent occasionnellement de l'année vers laquelle on va sauter et le spectateur finit par associer naturellement la vue de tel personnage à l'époque correspondante.
Force est de constater que la mise en scène originale et réussie de l'anime est ce qui fait sa personnalité et le détache d'une simple adaptation.
Pari remporté avec succès pour Brain's Base !
Après toutes ces louanges, il faut toutefois mentionner les quelques écueils de l'adaptation.
On regrette que certains personnages aient été plus ou moins ignorés, telle Lua Klein dont la relation avec Ladd n'est jamais expliquée, ou
les alchimistes de 1711 qui apparaissent finalement peu en dehors de caméos dans l'épisode flashback qui leur est dédié.
De même, il est dommage d'avoir ôté des pans complets de l'histoire, comme tout l'aspect du trafic de drogue en 1932 qui débouchait sur une confrontation épique dans les bureaux du Daily Days.
Sans parler des pistes lancées et jamais exploitées, avec cette scène de l'épisode 1 tirée de 1933 sur laquelle l'anime ne revient jamais,
ou la révélation finale dans la recherche de Dallas qui conclut l'anime sur un cliffhanger.
Mais ne boudons pas notre plaisir, l'anime reste une excellente adaptation capable de se tenir sans honte à côté des romans originaux.
La série a été diffusée la nuit sur la chaîne WOWOW en 2007. Malheureusement le succès ne fut pas si conséquent, avec des ventes correctes mais inférieures à la moyenne.
Peut-être aura-t-elle souffert de la concurrence d'autres excellentes séries de cette année là, telles que Gurren Lagann, Code Geass ou Darker Than Black.
Cependant l'anime connaît une certaine popularité en dehors du Japon et devient une vraie référence dans certains milieux au point de pousser les fans à s'intéresser aux romans originaux.
En 2010 une autre série phare de Narita est également adaptée par Brain's Base : Drrr!!.
Malgré un rythme moins maîtrisé, celle-ci suscite beaucoup plus d'enthousiasme chez le public, se vend mieux, et après un peu d'attente, une saison 2 a fini par débarquer en 2015. Cette suite, produite par un staff presque identique à celui de la première saison, vient adapter les dix romans restants de la première partie de l'œuvre.
Avec la série des romans Baccano! qui touche à sa fin, on ne peut qu'espérer un regain d'intérêt pour les aventures de nos immortels favoris et un nouvel anime pour célébrer la conclusion de ce chef-d'œuvre.