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2002 [B Side] - Blood Sabbath


Épilogue II




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Épilogue : les Mask Makers




Quelque part sur l'océan, dans le croiseur personnel des Mask Makers.


"Bien.


Continuons notre interrogatoire, voulez-vous ?"


Life recula dans son siège face au ton glacial du garçon.


"Oh, ne vous sentez pas forcé de dire quelque chose. Après tout, je ne souhaite rien vous demander de particulier.


Puisque vous restez si obtus, alors pourquoi ne pas me faire écouter un cri ?"


Le visage du Rookie, vidé de toute émotion, était un véritable masque.


"Je vous en prie, ne soyez pas timide. Si vos cris m'indisposent, je n'aurais qu'à vous trancher la gorge."


"Gah..."


Pendant ce temps, Life, toujours menotté à la chaise, fixait le garçon avec un regard défiant. Et très vite il se mit à éclater d'un rire dément.


"Gah... Ah... Gahahahahaha ! Hahahahahahahahaha !"


"...Qu'est-ce ce qu'il y a de si drôle ?"


Le Rookie fronça les sourcils. Life eut un rictus moqueur et commença une tirade exaltée.


"Bonté divine, vous ne changerez jamais, patron ! Vous êtes vraiment digne de porter le masque le plus raffiné et le plus impénétrable de tous les Mask Makers ! Même maintenant, votre visage reste de glace !"


"..."


"Je sais qu'en vous, vous devenez fou à essayer de retenir vos larmes et de vous empêcher de vomir ! Ça m'épate ! Alors, c'est comment ? Comment ça fait quand on traite ses affaires personnellement et qu'on envoie ses employés à l'abattoir ?"


"...!"


Le Rookie frappa vicieusement Life, d'un coup de pied dans les côtes.

Celui-ci se mit à respirer péniblement, mais il avait l'air étrangement satisfait ; et il leur annonça quelque chose de complètement inattendu.


"Hé bien, maintenant, j'aimerais pouvoir rester ici et vous voir succomber au désespoir, mais l'espèce de monstrueuse amazone derrière toi commence à afficher un sourire carnassier ; alors...



Si vous voulez bien m'excuser."



"...Quoi ?"


L'homme menotté s'était exprimé très calmement. Le Rookie, se sentant insulté, commençait à envisager de tuer cet homme. Mais soudain, un choc puissant secoua le bateau.


"?!"


Au même moment, il entendit quelque chose se rompre--

Quand le Rookie se retourna, il vit Life, qui avait disloqué ses poignets pour se libérer des menottes, courir et bondir par la fenêtre.


"Arrêtez--"


Life sauta par dessus bord avant que le Rookie puisse finir.

Mais aucun splash ne retentit.


"Quoi...?"


Quand le garçon sortit en courant de la cabine, il vit un grand croiseur, probablement celui qui venait de rentrer dans son propre bateau, et Life, qui venait de grimper à bord. Et sur le croiseur--se trouvaient les fidèles en rouge et noir.


Pour une raison inconnue, l'homme qui se tenait au milieu des fidèles avait perdu ses deux bras. Le fait que ses blessures ne saignent pratiquement plus montrait l'état critique dans lequel il se trouvait. Mais le croiseur s'éloigna aussitôt sur l'océan, sans même donner au garçon le temps de réfléchir, à une vitesse dépassant de loin celle du bateau des Mask Makers. Le garçon savait qu'ils n'arriveraient pas à les rattraper ; alors il ôta le masque qui recouvrait son cœur et laissa sa colère s'exprimer librement.


"Putain...! Putain !"


Á cet instant--

"Il s'est passé quelque chose ?"


Quand le garçon se retourna, il se retrouva face à face avec un large sourire.


Elmer C. Albatross.


L'espace d'une seconde, le Rookie eut l'impression de rêver. C'était la seule raison logique qui lui venait pour expliquer la présence de leur cible principale, qui se baladait nonchalamment dans leur propre navire.


"C-comment avez-vous...?!"


"Ah, je savais que vous en aviez après nous, et je me disais que vous deviez avoir quelque chose à régler avec moi en particulier. J'avais peur d'embêter Denkuro ou d'énerver Nile, alors je me suis réfugié dans votre bateau."


Malgré le vent marin qui faisait rage et les ennemis qui l'entouraient, Elmer semblait rester calme et confiant.


"De toute façon, ça fait trois cent ans que je fais partie des Mask Makers ; il était temps que je vienne filer un coup de main au patron !"


"..."


Le Rookie semblait avoir momentanément perdu l'usage de la parole, aussi le membre fondateur sourit-il pour le remettre d'aplomb.



"Alors il faut sourire, patron ! Allez, riez un peu !"











Épilogue : les Fidèles




"...Il y a une chose... que j'aimerais vous demander."


L'homme mourant parlait à Life, qui venait d'arriver à bord du croiseur.

Bride, qu'on avait cru aplati comme une crêpe durant la collision, avait juste perdu ses deux bras ; il était toujours vivant. Mais le temps qui lui restait dans ce monde touchait à sa fin.


La pression incroyable qui lui avait arraché les bras avait minimisé la perte de sang, mais il ne resterait plus en vie très longtemps. Et même si tout le monde avait bien conscience de ce fait, aucun des fidèles n'avait la moindre larme. Non pas qu'il n'éprouvent aucun respect pour leur Maître ; c'était juste que leur loyauté était dévouée au livre saint, pas à lui. Sans compter que la souffrance de perdre un être cher avait été effacée depuis longtemps de leur esprit.


Life répondit à la question avec calme, l'air impassible.


"Oui, Maître Bride ?"


"Viralesque. Vous saviez pour ces 'Mask Makers' depuis le début ? Et vous nous avez manipulés ?"


La voix de Bride s'affaiblissait, prête à s'éteindre à tout instant. Life, aussi connu sous le nom de Viralesque, retira son masque ; il saisit les bandages rouges et noirs que lui tendait une des secrétaires et les enroula autour de sa tête en répondant d'un air détaché.


"En effet. Pourquoi cette question ?"


"Pourquoi avez-vous fait une chose pareille ?"


"C'est une longue histoire, mais pour faire court... Je l'ai fait, parce que c'était divertissant."


Pour répondre, Viralesque avait adopté un ton complètement différent de celui de Life ou du Demolisher. Le Maître de leur foi eut un petit rire--


"Je vois. Alors on ne peut rien y faire. Vous avez notre pardon."


Bride s'exprimait avec la même nonchalance que Viralesque.


"Notre doctrine ne refuse aucun des plaisirs humains, même ceux qui doivent nous mener à notre perte."


"Vous avez été un chef fantastique, Maître Bride."


"Mais tout cela sera bientôt terminé."


Bride murmurait, d'une voix parfaitement sereine. Il se dirigea ensuite vers le bord du pont, et se pencha par dessus la rambarde. Le sang qui dégoulinait de ses épaules fut avalé par la mer, goutte par goutte.


"Tout ce qui concerne le livre saint a été vu avec les secrétaires. Je vous demande de prendre soin du prochain Bride."


"Je comprends, Maître Bride. Mais... que feriez-vous si je vous disais que j'avais une substance capable de vous maintenir en vie ?"


Viralesque laissa échapper ces paroles cryptiques, sans jamais perdre son ton déférent. Mais Bride sourit, le cerveau ayant épuisé sa dextrose, en livrant ses dernières paroles.


"J'ai pour règle de ne jamais utiliser de vies supplémentaires, sauf pour les shooters des salles d'arcade. Une petite habitude de mes parties de jeux vidéo. Perdu, c'est perdu. Je. dois. craindre. la. mort. et. accepter.--"




Et avec un sourire, le corps du chef plongea dans l'océan.

Á peine quelques secondes après, un requin gigantesque perça la surface - attiré par la traînée de sang - et saisit le cadavre de Bride dans ses mâchoire immenses pour le mettre en pièces. Les fidèles survivants qui observaient la scène - hommes et femmes, jeunes comme vieux - tracèrent tous le même symbole sur leur poitrine et prononcèrent les mêmes mots.




"Nous vous souhaitons une mort aussi indolore que possible."











Épilogue : le Gangster, la Fille et les Gamins




Quelques jours plus tard ; New York, à l'Alveare.


"En parlant de ça, c'est plutôt fou, cet incident qu'il y a eu il y a quelques jours, non ?"


"Tu parles. On dirait que Firo et les autres ont eu une croisière mouvementée."


"Effectivement. On dirait que les coupables courent toujours. Et vu la confusion qui régnait parmi les passagers, ils semblent avoir beaucoup de mal à obtenir des témoignages exploitables."


Maiza renseignait Randy et Pecho, qui assistait aux infos télévisées avec surprise ; quand soudain, un nouvel arrivant vint perturber cette scène familière.


Un homme ouvrit la porte et rentra dans la salle. Il était habillé en noir de la tête aux pieds, et portaient des lunettes aux verres teintés en bleu. Tout à son sujet respirait une vie malhonnête, en marge de la loi. Les cadres de la Famille Martillo réalisèrent aussitôt que ce n'était pas un homme à prendre à la légère. Mais ils ne pouvaient pas s'en prendre sans raison à un inconnu, aussi se retinrent-ils d'attaquer--


"J'ai une question pour vous."


L'homme s'adressa calmement à un homme à lunettes, qui semblait avoir la plus grande autorité parmi les gens présents dans la pièce.


"Un certain Firo Prochainezo m'a recommandé de venir ici... Est-ce que vous auriez besoin d'un garde du corps ?"


L'atmosphère du restaurant changea du tout au tout, prenant l'inconnu complètement au dépourvu.


"Quoi, alors c'est vous Angelo ?"

"Firo nous a parlé de vous !"

"Comme ça, il paraît que vous êtes un as au tir...?"

"Ah, ici tout le monde se bat au couteau."

"Le chef était heureux de trouver enfin un vrai garde du corps !"

"...Héhé... finissons en d'un seul coup. Je l'appellerai 'maître' à partir de maintenant..."

"Ça y est, Palm délire encore !"


"Ah, si vous pouviez nous donner quelques détails, M. Angelo."


"..."


Angelo fut momentanément déstabilisé par cette atmosphère joyeuse, si différente de celle d'une organisation criminelle ordinaire, mais--

'Je vois. Voilà l'organisation qui a fait de Firo celui qu'il est aujourd'hui.'


Angelo parvint à cette conclusion et sourit amèrement.


Après l'incident, son cartel d'Amérique du Sud avait été presque entièrement détruit. Et vu qu'il ne pouvait pas retourner en Espagne avant la fin de l'enquête sur la croisière, Angelo avait besoin de trouver un endroit où rester. Suite à une suggestion de Firo, il s'était rendu à New York et se retrouvait en ce moment dans une situation peu familière mais pas désagréable pour autant.


"...Ah, aussi... ce n'est pas ma fille, mais... Je m'occupe de la fille d'un ami. J'aimerais trouver un endroit sûr pour elle..."




Plusieurs jours après.




"Hé ! Écoutez, tout le monde ! Nous avons un cadeau pour la Famille Martillo aujourd'hui !"


"Notre plan spécial pour lutter contre la chute de la natalité !"


Et sur ces déclarations étranges, Isaac et Miria amenèrent--

Leur propre contre-mesure au vieillissement de la population de la Famille Martillo.


"N-nous rejoignons la Famille Martillo, alors soyez rassurés...?"


Tandis qu'un garçon peu sûr de lui se présentait et que ses trois camarades soupiraient derrière lui, les capos de la Famille Martillo échangèrent des regards incrédules. Juste après, le garçon aperçut la fille à la peau mate assise dans un coin du restaurant, rougit comme une tomate, et laissa ses émotions l'emporter.


"C-ce n'est pas du tout comme si j'étais venu ici parce que je pensais à Carnea !"


Le restaurant entier se mit à éclater de rire. Bobby se sentit perdu un moment, jusqu'à ce qu'un homme s'approche pour lui parler.


"Normalement, la place de jeunes enfants est à l'école... mais je ne me permettrais pas de me mettre en chemin d'une histoire de cœur."


"Que-?! Ah. V-vous ! Je, euh, je veux dire, c'est vous qui..."


"Ah, peu importe. Nous ne pouvons pas vous faire travailler ici officiellement, mais on vous donnera de petites missions de temps à autre."


"V-vraiment ! C'est génial ! Maintenant je suis un vrai gangster !"


Le garçon criait avec une naïveté qui ne convenait pas du tout à la situation. Personne n'aurait pu prédire que ce garçon deviendrait un jour un héros de la Famille Martillo. Et personne, ni Dieu ni Diable, ne savait si ce jour arriverait vraiment ; ce qui était certain, c'est qu'un jeune garçon venait de s'engager sur le chemin des bons à rien.











Épilogue : la Star d'Hollywood et le Cascadeur




Ça se passait à bord de l'Entrance, immédiatement après l'incident.


"Illness... a été kidnappée ?"


"Oui... on dirait qu'un groupe de gens en rouge et noir ont surgi brusquement dans l'infirmerie..."


Après avoir appris la nouvelle, Claudia fit le tour du spectre émotionnel au complet, de l'anxiété à la tristesse ; et à peine dix minutes plus tard, elle avait pris sa décision et l'annonçait à Charon.


"C'est décidé ! Je vais dépenser toutes les économies que j'ai gagnées jusqu'ici pour embaucher un détective privé !"


"..."


"C'est impardonnable ! Ils ont débarqué dans mon monde pour en voler Illness--une partie de mon monde... Inacceptable ! Je dois faire tout ce que je peux pour la sauver !"


"..."


Que pensait Charon de tout ça ? Il n'émit aucune objection à l'encontre de sa sœur--mais accepta silencieusement son choix.




Soudain, une femme qui écoutait la conversation entre le frère et la sœur les interrompit.


"Hé... J'ai entendu que vous cherchiez un détective privé."


"C'est cela même. Vous êtes détective, mademoiselle ?"


Claudia l'interrogea, l'air de douter. La femme - Silis - sourit tranquillement.


"Non, je m'appelle Rucott... Mais je connais une femme - Silis - qui travaille dans une grande agence d'investigation. Ils enquêtent sur n'importe quoi, tant qu'on les paie pour ça."


La femme avait surmonté sa douleur et son désespoir, et était revenue dans ce monde, plus forte que jamais.


"Et puis... j'ai quelques comptes à régler avec ces gens en rouge et noir..."


Silis - qui finirait par grimper les échelons de son agence grâce à ses connexions avec une certaine actrice réputée et les honoraires qui allaient avec - dissimula son identité derrière un faux sourire, encore remplie d'une haine féroce envers SAMPLE.


"Merci beaucoup ! Vous êtes si gentille, mademoiselle !"


Et en acceptant même Silis dans son monde--

La fille qui avait fait de ce monde le sien depuis sa naissance croyait de toutes ses forces.

Que son monde parviendrait à secourir Illness.











Épilogue : la Malade et le Poison




La fille qui avait été acceptée dans le monde d'une autre ouvrit les yeux.


'Où suis-je ? J'ai mal.'


Illness fixait le plafond qui la surplombait, pressant sa main contre sa blessure. Elle regarda autour d'elle afin de déterminer où elle se trouvait, et se figea brusquement ; le lit où elle était allongée était entouré par les gens en rouge et noir.


Et malgré la peur et l'effarement qui l'envahissaient--

Elle n'eut même pas le temps de laisser échapper le cri qui montait dans sa gorge.



Clap clap clap clap



Une salve d'applaudissements enthousiastes s'éleva.


"Félicitations... Maître Bride."


"...Quoi ?"


L'homme au visage recouvert de bandages cessa d'applaudir et inclina poliment la tête. Les autres firent de même et s'agenouillèrent devant elle. Se rappelant son passé de 'divinité', Illness se recula le plus possible, préparée à souffrir--


"Au nom de Viralesque, le responsable de notre foi, je vous nomme en tant que notre nouveau Maître."


'Maître ?'


"Vous allez devoir prendre la place de notre chef, et être le nouveau 'Bride'. Vous n'avez pas le droit de refuser."


'Le chef... c'était papa.'


La fille resta silencieuse un moment. Elle ouvrit la bouche, sans savoir quoi dire.


"Je vais... rester en vie...?"


"Bien entendu."


'Papa était appelé Maître autrefois.'


"Vous... n'allez plus me faire souffrir ?"


"Bien sûr que non, Illness--pardon, Maître Bride. Á partir de maintenant, vous êtes libérée de toute souffrance."


Elle commençait à perdre pied. Elle n'arrivait pas à saisir pas ce qu'on lui disait.


"Quand au 'dieu' qui deviendra votre partenaire pour l'éternité... nous avons déjà sélectionné un candidat."


Viralesque parlait doucement, comme pour conforter la fille exténuée avec ses paroles.


"Vous avez la permission de rester en vie. Personne ne vous rejettera ici."


Et, avec un sourire, il répandit son poison dans son cœur.

SAMPLE n'avait nullement l'intention de relâcher Illness.



La fille observait la photo du 'candidat au titre d'époux' que Viralesque lui avait donné, et se mit à murmurer--


"Czes..."




Cette malice perfide n'avait pas non plus l'intention de relâcher Czes.


Le poison s'accrochait obstinément--

Intoxiquant peu à peu ce monde.



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